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dimanche 30 octobre 2011

A quel sein/saint se vouer?

          Par où commencer ce hors-sujet? Peut-être par raconter cette semaine trépidante en Tunisie. Un semaine plus tôt, nous allions voter, persuadés de sauver le futur du pays, chacun sous sa bannière. Déjà se distillaient çà et là, à coup de PV snappés à la va-vite, de "on dit", les résultats des bureaux de vote à l'étranger. Ennahdha, parti au passé bien lourd quoique récemment légalisé (on peut inverser la phrase),  son chef encore confortablement installé à Londres le 14 janvier, arborant des stigmates pour garanties et une hyménoplastie   pour programme politique, est déjà en tête. Elle l'était déjà dans les sondages et ses petits soldats râtissaient patiemment  le pays, sur le terrain de l'indigence, matérielle ou intellectuelle.
         Le dimanche, je vais voter. Chacun trempe et arbore fièrement son doigt, écoute avec émotion  dire  que les taux de participation ont dépassé toute espérance. A mesure que les heures passent, monte l'inquiétude dans les camps des différentes forces progressistes. On ne se soucie plus de qui va l'emporter mais de qui pourra -et voudra- faire contre-poids. La peur change de camp, un outsider râfle la mise, un certain Hachmi Hamdi. Entre temps, évidemment, la presse étrangère et les observateurs internationaux  continuent de chanter: " des élections modèles! transparentes! avec des dépassements (mauvaise traduction mais surtout plus lisse  que "infractions") négligeables" ou alors "la montée de l'islamisme". Les Tunisiens étaient déjà passés à autre chose, cette liste "aridha" est alors le cauchemar de tous. Vote massif dans des régions berceaux de la révolution, liste soutenue par un homme qui est à la fois  Ex-Nahdhoui et Ex-fervent défenseur du RCD, qui joua tour à tour sur les deux tableaux au hasard des pots de vin, installé à Londres et propriétaire d'une chaîne entièrement dédiée à sa personne. Ennahdha a peur, un transfuge qui la bat sur ce qu'elle pense être ses fiefs, et qui se fera un malin plaisir de laver son linge sale. Les gens ont peur, un masque du RCD qui se joue des tensions régionales, de l'espoir -ou plutôt du désespoir- des plus démunis, qui leur avait échappé. On ne comprend toujours pas comment il a pu échapper à l'oeil vigilant de l'ISIE.
                  Le résultat tarde. S'emmitouffe de précautionneux adjectifs "partiel", puis "provisoire". On écarte des listes de HH, la région de Sidi Bouzid s'embrase. A qui profite ce bordel? Au Rcd qui avait promis de revenir, de se venger, de ne pas lâcher? A Ennahdha qui ainsi détourne l'attention vers autrui? Aux autorités étrangères USA en tête dont il se murmure qu'elles ont soutenu le parti islamiste sous réserve qu'il joue le jeu démocratique pour absorber la colère et l'antiaméricanisme, avec toutefois un loup dans la bergerie. Sans doute un peu de tout ça.
                On mesure l'écart qu'il y a entre l'opposition incarnée par les partis de gauche et du centre à la vue des résultats. On s'y fie pour démontrer la fracture qui sépare le peuple des intellectuels. On se dépêche de brandir dans l'autre camp des  chiffres pour démontrer que les résultats ne sont pas représentatifs, compte tenu des abstentionistes, et des infractions. A quelque chose malheur est bon. Ennahdha a enfin ce qu'elle mérite, une partie  du pouvoir. Que n'avait-elle besoin de promettre monts et merveilles, moutons de l'aid et ticket pour le paradis si elle était vraiment assurée de sa réussite? Il est question d'infraction multiples qui ont émaillé le processus électoral, et si justice est rendue, nul doute que cela ne changera pas vraiment les taux. Cela contribuera à montrer que personne, pas même le parti le plus populaire  populiste, n'est au dessus des lois en démocratie. Ennahdha n'a que ce qu'elle mérite, une partie du pouvoir. Et déjà elle s'empresse d'inviter les autres partis à faire partie d'un "gouvernement d'union nationale" aussi improbable et insensé que l'ex- parti unique RCD que des acteurs-opposants appalaudissaient. Ennahda se présente comme l'incarnation de la rupture politique disiez-vous? .Ennadha a profité en mal ou en bien d'une campagne de diffamation et de diabolisation dans les médias? Qu'elle se ravale donc la façade à présent, elle passe déjà son temps à rassurer tout le monde, à dire tout et son contraire,en quelques jours. Elle compte donc (d'après les récentes déclarations de ses représentants et diférentes interviews):
- protéger les acquis de la femme
- rassurer les athées et les homosexuels
- rassurer les fêtards et les amateurs des plaisirs éthérés
- rassurer les radicaux et les salafistes de Ettahrir
Assurément le grand écart, mieux encore que ne le faisait ZABA. Voilà le double langage qui ne fera jamais de moi une adepte de ce parti qui charie sans doute d'anciens opposants,  mais aussi nouveaux arrivistes, quelques gens naifs et crédules, mais aussi des frustrés emplis de colère.
                    Je crois pour ma part qu'il est temps pour elle d'affronter  le pouvoir et de la mettre face à ses énormes mensonges responsabilités, que le combat se joue à présent sur deux fronts, l'assemblée constitutionnelle et la société civile. Pas sur le plan gouvernemental.
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